Page Principale Position de l'Eglise Eléments Négatifs Demandes fréquentes Témoignages Courriel

Vassula Rydén: les raisons de l'Eglise, par François-Marie Dermine O.P.

(suite - Partie 2 de 4)

Partie 1 Partie 2 Partie 3 Partie 4

WB01343_.gif (599 bytes)         WB01345_.gif (616 bytes)

 

(2) Passons maintenant à l’examen de quelques unes des raisons qui, toujours à mon avis personnel, ont pu induire l’Église à maintenir son jugement substantiellement négatif: je le fais de façon aussi synthétique que possible e dans l’espoir que cela puisse contribuer à illuminer ceux que l’attrait du merveilleux empêche encore d’ouvrir les yeux.

 

Disparition, élimination et altération des messages

(2a) Les pages qui suivent, provenant en bonne partie de mon article publié sur la revue italienne Jesus d’octobre 1996 et intitulé Quand Dieu se fait corriger, affrontent une raison que la Notification ne mentionne pas mais dont la gravité objective est plus que suffisante, à mon avis, pour jeter le discrédit sur l’ensemble du phénomène; je me réfère au traitement infligé par Mme Rydén à ses messages: destructions, omissions et corrections.

 

1.Les destructions

Les destructions concernent les messages des dix premiers mois, qui ont complètement disparu: il s’agit d’une lacune fondamentale si on considère que les premières révélations représentent toujours les prémisses et les prémices de tout phénomène surnaturel extraordinaire. Madame Rydén se justifie en soulignant que «généralement, je les brûlais parce que j’en avais vraiment beaucoup», écrits sur des feuilles volantes et pas encore dans des cahiers; il s’agit d’un traitement pour le moins peu respectueux à l’égard de messages qu’elle considère comme autant de révélations divines… René Laurentin, toujours prêt à défendre sa protégée, n’hésite pas à écrire: «Selon l’accusateur, Vassula aurait détruit les messages reçus pendant les premiers mois avec l’unique détermination de cacher les erreurs grossières qu’ils pouvaient contenir. En vérité Vassula n’a rien détruit! Ces premiers messages, elle ne les a pas publiés mais elle projette de le faire». Ces explications, tout à fait contradictoires, ne prédisposent guère à la confiance d’autant plus qu’à distance de dix ans, la publication annoncée doit encore se concrétiser.

 

2. Messages omis ou effacés

Il y a ensuite des messages omis ou effacés. En effet, la comparaison entre, d’une part, les photocopies des manuscrits que la protagoniste faisait circuler librement au début et, d’autre part, les éditions imprimées des fac-similés, permet de découvrir des coupures indiquées (pour les plus visibles) par la phrase suivante: «Sur requête de Vassula, des portions de la page X ont été effacées».

Le mérite d’une telle découverte revient au père Philip Pavich O.F.M, américain d’origine croate qui -en décembre 1991, à Medjugorje où il exerça pendant cinq ans le ministère de la réconciliation- reçut une copie originale des messages corrigés par la voyante elle-même avec l’aide de son collaborateur Erwin Schlacher, où sont parfaitement visibles les parties effacées et les paroles remplacées; le franciscain dénonça cette affaire en divulguant les photocopies des messages non expurgés confrontés à l’édition censurée des fac-similés.

Dans un fax du 14 octobre 1993 expédié à Elena Carvalho, la traductrice brésilienne de ses œuvres en portugais qui, déconcertée, demandait des explications sur ces photocopies, la percipiente se justifiait en recourant à une explication surnaturelle: les parties effacées correspondent à:

«des passages éliminés sur indication de Dieu» qui «me donne des messages privés et d’autres très symboliques. Au début, je les photocopiais tous. Plus tard, quand il s’agit d’imprimer l’œuvre de Dieu, Dieu m’a fait comprendre que les messages privés et ceux de nature symbolique - que les gens ne pouvaient pas comprendre - ne devaient pas être imprimés». En d’autres mots, «j’ai deux cahiers; un que j’appelle le cahier privé. […] Et puis j’ai ce que j’appelle le cahier “officiel”, celui qui devrait être imprimé. Dieu enlève du cahier privé tout ce qui devrait être répandu et transcrit de nouveau le message dans le cahier officiel. […] Au début, j’avais tout divulgué et Dieu ne le voulait pas. Voilà tout».

A la fin du fax (dont nous présentons une page dans la photocopie n.1), madame Rydén annonçait une réponse détaillée de René Laurentin aux “calomnies”, réponse qui n’est jamais arrivée et dont elle dut se charger elle-même, en faisant du reste recours à des arguments qui, à mon avis, compliquent encore davantage une situation déjà fort compromise et qui se heurtent à des faits incontestables.

1.tif (3520116 bytes)

Photocopie n. 1 - Extrait du fax envoyé par Vassula Rydén à Elena Carvalho le 14 octobre 1993, dans lequel elle justifie les passages éliminés et dit avoir deux séries de cahiers dans lesquels elle écrit les messages.

 

En effet, l’examen attentif des photocopies intégrales, reproduites ici avec le numéro et les pages des cahiers de la percipiente, nous permet de vérifier que les parties éliminées dans l’édition imprimée correspondent habituellement à quelque prophétie non avérée ou à quelque fait contrariant pour la protagoniste. Dans la photocopie n.2, par exemple, nous trouvons la version intégrale du message du 14 avril 1988 dans lequel il est demandé à Vassula et à son entourage de contacter par écrit don Stefano Gobbi du Mouvement Sacerdotal Marial alors que la photocopie n.3 montre clairement les coupures. Le même procédé est infligé au message du 10 juin 1988 (photocopies nn.4 et 5) où la Vierge Marie, désireuse d’effectuer une jonction avec ses messages à don Gobbi et ceux de Jésus à Vassula, annonce d’avoir prédisposé une rencontre entre les deux; mais cette initiative n’obtint pas l’effet escompté à cause des réticences de don Gobbi. Le procédé des coupures est aussi appliqué à une partie du message du 29 juillet 1988 qui mentionnait la rencontre advenue en Suisse avec le P.Schwitzer S.J. vers lequel la Vierge avait orientée sa fille “chérie” en vue d’une direction spirituelle: entre-temps, le prêtre avait décliné la requête, attribuant les messages à un «esprit d’origine douteuse».

2.tif (1089444 bytes)   3.tif (1702944 bytes) 

Photocopies nn. 2 et 3 - Photocopie du message original du 14/04/1988 avec la partie se référant à Don Gobbi barrée par Vassula Rydén en vue de la publication (photocopie n.2). La photocopie n.3 montre comment le message a été publié dans l'édition imprimée des fac-similés.

 

4.tif (1694946 bytes)  5.tif (933400 bytes)

Photocopies nn. 4 et 5 - Photocopie du message original du 10/06/1988 avec la partie se référant à Don Gobbi barrée par Vassula Rydén en vue de la publication (photocopie n.4). La photocopie n.5 montre comment le message a été publié dans l'édition imprimée des fac-similés.

 

Les parties ou la totalité des autres messages (cfr. 8-18 novembre 1987, 6-12-28-31 décembre 1987, 7-10-18-31 janvier 1988, 3-26 février 1988, 4 mai 1988, etc.) ont elles aussi subi le sort de l’élimination; ces messages ordonnent à la voyante et à ses deux «témoins» de demander une audience privée au Pape et de se présenter nu-pieds pour lui laver les pieds, faire le Chemin de Croix en sa compagnie et lui offrir les révélations célestes qu’il attendait déjà. Les photocopies nn.6, 7 et 8 documentent la requête de l’entité en ce sens; les lignes barrées correspondent à celles qui ont été supprimées dans la version imprimée.

Cet événement, qui aurait été prévu par une prophétie du pape Jean XXIII comme on lit dans les lignes supprimées de la photocopie n.9, n’a jamais eu lieu. Au cours de deux audiences publiques (3 août 1988 et 6 novembre 1993), la protagoniste parvint tout au plus à se frayer un chemin dans la foule pour enfiler une lettre dans la ceinture du Pape et lui remettre des publications.

6.tif (1445244 bytes)    7.tif (941478 bytes) 

 8.tif (887214 bytes) 9.tif (1363137 bytes)

Photocopies nn.6, 7, 8 et 9: Extraits de divers messages éliminés dans lesquels "Jésus" demande à Vassula Rydén et à ses deux "témoins", James [Fannan] et David, de demander une audience privée au Pape Jean-Paul II pour lui offrir les messages et faire le Chemin de Croix en sa compagnie. Cet événement, qui aurait été prévu par une prophétie de Jean XXIII comme indiqué dans les lignes supprimées de la photocopie n.9, n'a jamais eu lieu.

 

Par la suite, elle a tenté de n’attribuer qu’un sens symbolique à ces messages, en en contredisant toutefois la lettre et l’esprit. A plusieurs reprises, en effet, l’interlocuteur “céleste” avait clairement demandé de s’employer à obtenir une audience privée. Même la requête d’aller nu-pieds doit être prise à la lettre, se rattachant en effet aux messages (éliminés) du 14 et 15 octobre 1987, du 18 novembre 1987, du 26 février et du 7 mai 1988 (photocopies nn.10, 11, 12 et 13), où “Jésus” engage par voeu sa bien-aimée à marcher nu-pieds au moment opportun; voilà pourquoi il l’appelle souvent «ma messagère déchaussée». Dans les dernières tranches (toujours éliminées) des messages du 15-16 octobre 1987 (toujours la photocopie n.12), on lit les paroles suivantes de“Jésus”: «c’est moi qui te rappellerai d’enlever tes souliers». Afin de dissiper toute équivoque, l’entité souligne le caractère concrètement pénitentiel de la requête en ajoutant: «tu ne chercheras aucun réconfort; que tu marches dans la neige ou sur les sables brûlants tu marcheras sans souliers. Es-tu prête à faire cela?». Dans le message du 8 novembre 1987,

l’entité ordonne explicitement à la percipiente effrayée: «ne me refuse pas cela. Je le veux! Je veux que tu le fasses» (photocopie n.14, effacée); il l’exhorte à ne rien craindre (photocopie n.15, effacée). Il assure aussi que Jean-Paul II reconnaîtra la messagère quand elle se présentera devant lui (photocopie n.16, effacée). Aucun doute n’est donc permis: nous sommes en présence de véritables prophéties, qu’il nous faut prendre à la lettre et qui ne se sont jamais réalisées.

10.tif (921649 bytes) 11.tif (774024 bytes)12.tif (455027 bytes) 13.tif (450462 bytes)  14.tif (954978 bytes) 15.tif (2956860 bytes)              16.tif (716394 bytes)

Photocopies n. 10 à n. 16: Quelques-uns des messages effacés dans lesquels "Jésus" engage Vassula par voeu à marcher nu-pieds au moment opportun et aller laver les pieds du Pape.

 

3. Les messages modifiés

Enfin, après les messages détruits et effacés, il y a le cas encore plus compromettant et grave de ceux qui ont été carrément modifiés. Voici deux exemples emblématiques: dans la photocopie n.17, le traitement grossier infligé au message du 18 avril 1988 saute aux yeux. En haut, on lit la phrase comme elle était à l’origine: «Oh viens Pierre, prends Ma Main, Satan t’a éloigné de la Vérité! Prends Ma Main et je te guiderai…». Au milieu, les flèches indiquent le déplacement des paroles alors que, dans le bas, on peut lire l’édition définitivement censurée: «Satan a éloigné plusieurs d’entre vous de la Vérité! Prends Ma Main, Pierre, et je te guiderai». L’égarement diabolique ne se réfère plus au Pape, mais à d’autres.

17.tif (1511610 bytes)

Photocopie n. 17 - Exemple du changement du sens d'un message: En haut, le message original. Au milieu, les flèches indiquent les corrections à faire et les paroles à ajouter. En bas, le message tel qu'il a été publié.

 

La photocopie n.18 reproduit, quant à elle, le message du 10 octobre 1987 où il est dit à deux reprises d’adorer (“worship”) la Vierge Marie: «je plierai leurs genoux et ils adoreront (“worship”) et honoreront Ma Mère»; la photocopie n.19 présente au contraire la même page dans la version corrigée, avec “venerate” (“vénéreront”) au lieu de “worship”. En effet, on n’adore pas la Vierge, mais on la vénère: il fallait procéder à une correction théologiquement obligatoire, comme celle concernant le Pape…

18.tif (1445550 bytes)   19.tif (1627254 bytes)

Photocopies nn. 18 et 19 - Dans le message original (photocopie n.18), "Jésus" demande d'adorer - "worship" en anglais - la Vierge. Le message publié (photopie n.19) a été corrigé en remplaçant adorer par vénérer, une correction théologiquement obligatoire.

 

Mais alors, demandons-nous, est-il possible que la deuxième Personne de la Sainte Trinité ait pu utiliser un langage si peu approprié et même erroné? Par surcroît, le lecteur aura remarqué que les corrections et les ajouts ont été faits avec l’écriture que les sympathisants de la protagoniste qualifient de “hiératique”, c’est-à-dire de sainte, de divine ; en d’autres termes, Dieu se serait corrigé avec sa propre écriture…

Dans une longue note publiée à Belfast en 1994 (A Note from Vassula Rydén), la voyante tente de répondre à quelques objections relatives aux susdites modifications en se référant à un très préoccupant message du 12 octobre 1986 dans lequel le “Père Eternel” déclare textuellement: «La Paix soit avec toi. Chaque parole que tu sens (feel) n’être pas juste et qui te trouble, sens-toi libre de la corriger. Moi, Dieu, te donne le sentiment (feeling). Vassula, es-tu contente?»… Ce message (ainsi qu’un autre du 5 mars 1987) nous dévoile un “Père Eternel” sujet à imprécisions et à erreurs le contraignant à des corrections, un Dieu qui confie pratiquement les révélations aux “sentiments” et au bon plaisir de la voyante et qui, en outre, contredit un autre de ses propres messages du 14 juillet 1992: «Répète seulement les paroles que Je t’ai moi-même données; tu n’y ajouteras ou enlèveras rien; tu dois m’être fidèle».

 

En conclusion

Ce qui a été dit nous offre donc une explication assez simple des altérations: les messages de La Vraie Vie en Dieu, surtout dans la phase initiale, contenaient effectivement des prophéties non réalisées et des erreurs grossières, même au niveau théologique. Et de telles erreurs, qui trahissent la présence d’un esprit en rien “divin”, ont été corrigées ou éliminées non pas grâce à un feeling surnaturel mais plutôt grâce à l’intervention de quelque personne interpellée pour procéder à la révision des messages avec la percipiente. A l’appui de cette interprétation ou hypothèse, on peut revenir par exemple à la photocopie n.17 où, au dessus de la parole barrée “worship”, on lit la parole “venerate” tracée avec une écriture qui n’est ni celle de madame Rydén ni celle qu’on appelle “hiératique”…


WB01343_.gif (599 bytes)         WB01345_.gif (616 bytes)