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Vassula Rydén: les raisons

de l'Eglise

par François-Marie Dermine O.P.

Ajouté le 24 janvier 2008

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L'auteur: François-Marie Dermine, prêtre dominicain d'origine canadienne, professeur de théologie morale à la FTER (Facoltà di Teologia dell’Emilia-Romagna), Président national du GRIS (Gruppo di Ricerca e di Informazione socio-religiosa) à disposition de la Conférence Episcopale italienne pour les questions de religiosité alternative, co-directeur de la revue Religioni e Sette nel mondo, exorciste de son propre diocèse. Auteur de nombreux articles sur la religiosité alternative mais, surtout, de Vassula Rydén – Indagine critica (Elle di Ci, Turin 1995), de Mistici, veggenti e medium – Esperienze dell’aldilà a confronto (Libreria editrice vaticana, 2002). Co-auteur de L’estasi, Libreria editrice vaticana, 2003.

L'article:  L'article a pour objectif d'expliquer certaines des nombreuses raisons pour lesquelles les messages de la Vraie Vie en Dieu n'ont pas obtenu une reconnaissance officielle. L'auteur affronte les arguments plus fréquemment présentés en faveur de Mme Rydén et prend en considération les événements plus récents. Il présente pour la première fois sur Internet, les preuves de la censure et de la modification des messages originaux. Le chapitre Disparition, élimination et altération des messages contient des photocopies des messages originaux avec les corrections faites par la voyante. Ces documents font partie des fameuses photocopies diffusées par le Père Pavich dans les années 1990, mettant en évidence les nombreuses censures et modifications apportées aux messages avant leur publication. Vous trouverez également un fax écrit par Vassula dans lequel elle reconnaît posséder deux séries de cahiers et tente de justifier les passages éliminés.

Note: L'article présenté ci-dessous est une traduction de l'article original en italien. Ce site a mis en évidence des paroles et des phrases en couleur marron et a ajouté des sous-titres afin d'en faciliter la lecture en ligne.

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Contenu

WB00955_.GIF (961 bytes)  Introduction

WB00955_.GIF (961 bytes)  Examen historique des réactions officielles

WB00955_.GIF (961 bytes)  Disparition, élimination et altération des messages

WB00955_.GIF (961 bytes)  Ecriture automatique   

WB00955_.GIF (961 bytes)  L'attitude ambiguë de Vassula Rydén à l'égard de l'Eglise

WB00955_.GIF (961 bytes)  Le Vassula-centrisme des messages

WB00955_.GIF (961 bytes)  Les erreurs théologiques 

WB00955_.GIF (961 bytes)  Conclusion

      

(Partie 1 de 4)

 

Introduction

Vassula Rydén, née en Egypte de parents grecs, mariée en 1966 à un fonctionnaire de la F.A.O. dont elle a eu deux enfants, est de religion grecque-orthodoxe. Depuis novembre 1985, elle se dit destinataire de révélations privées dictées par un esprit qu’elle identifie à Jésus et dont le contenu porte essentiellement sur le mouvement œcuménique, sur les Cœurs de Jésus et de Marie, sur la conversion de l’humanité et de l’Eglise. Grâce aussi à l’appui déclaré de quelque grand théologien de réputation mondiale comme René Laurentin, ce phénomène a connu un retentissement mondial, suscitant l’adhésion, parfois inconditionnée, d’innombrables laïcs et prêtres, sans compter celle de quelques évêques et cardinaux.

Les messages, disponibles dans les 10-12 volumes (selon les quelques 40 langues dans lesquelles ils ont été traduits), présentent un contenu capable de faire vibrer les cordes sensibles de nombreux fidèles: ils dénoncent sans détours le processus d’apostasie en cours dans le monde chrétien ainsi que le rationalisme qui a tristement contribué à rendre notre foi ennuyeuse, froide et insignifiante; ils réaffirment l’existence du démon, de l’enfer et le caractère dramatique de la lutte entre le bien et le mal; ils condamnent l’avortement, le Nouvel Age, la doctrine de la réincarnation; ils prêchent un message de conversion radicale, la fidélité au Pape, la nécessité d’accéder aux sacrements et l’opportunité du jeûne; ils répandent la dévotion aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, la pratique du chapelet même parmi les Orthodoxes; ils favorisent l’œcuménisme et exhortent ces derniers à s’unir à Rome. Et, last but not least, on parle de “fruits”, c’est-à-dire de milliers de conversions, ainsi que de miracles (encore sans attestations scientifiques, toutefois).

Et pourtant, tous ces indéniables aspects positifs ne parviennent pas à convaincre l’Eglise et il est donc normal et opportun de se demander pourquoi. Mon objectif, tout à fait personnel, est d’offrir ici quelques éléments de réponse à ceux qui, surtout parmi les catholiques, continuent à prêter foi aux susdits messages.

 

En premier lieu (1), on fera un examen historique tant des réactions officielles, substantiellement négatives, de l’Eglise à l’égard du phénomène, que des vaines tentatives de Madame Rydén et de quelques-uns de ses souteneurs pour les modifier en leur faveur.

En second lieu (2), on passera en revue les principales raisons pour lesquelles, à mon avis toujours, l’Eglise catholique (mais aussi orthodoxe) refuse de reconnaître à ces messages leur prétendue dimension surnaturelle. Ces raisons peuvent se ramener aux suivantes:

(2a) la disparition des messages des dix premiers mois et, surtout, le fait que bon nombre d’entre eux ont été effacés ou altérés. Cet aspect est, objectivement parlant, celui qui, plus que tout autre, contribue à jeter le discrédit sur le phénomène.

(2b) "le caractère suspect des modalités selon lesquelles ont lieu les présumées révélations" (paroles de la Notification), c’est-à-dire le recours à l’écriture automatique

(2c) l’attitude ambiguë de la protagoniste à l’égard de l’Eglise

(2d) le Vassula-centrisme des messages

(2e) les erreurs théologiques.

 

Pour la précision, mon enquête s’arrête aux six premiers volumes de l’édition italienne de La Vraie Vie en Dieu, plus que suffisants pour se faire une idée d’ensemble du phénomène. Quelqu’un pourra objecter que beaucoup de choses ont changé depuis lors: le ton des messages serait plus modéré, la terminologie aurait évolué et prêterait moins à confusion, etc. Mais il n’en reste pas moins que les messages de ces six premiers volumes ont, de l’avis même de leurs défenseurs, Dieu pour auteur et rien n’empêche que ces changements positifs ne résultent d’une sorte d’auto-censure.

 

 

Examen historique des réactions officielles

(1) Les rapports entre l’Eglise et Vassula Rydén oscillent entre le jugement officiel de la première, substantiellement négatif et réitéré jusqu’à nos jours, et les nombreuses initiatives de la seconde (ou de qui pour elle) destinées à renverser ce jugement: dans ce dernier cas, on s’en appelle à des déclarations officieuses, vraies ou présumées telles, de l’ex-Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le cardinal Joseph Ratzinger, et à leur libre interprétation, et on invoque l’interview d’un consulteur de la même Congrégation, présentée comme une sorte de réhabilitation ou, carrément, de reconnaissance.

La première réaction officielle de l’Eglise catholique consiste en une Notification de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (6/10/1995), dont voici le texte intégral:

 

De nombreux évêques, prêtres, religieux, religieuses et laïcs, s’adressent à cette Congrégation pour obtenir un jugement faisant autorité à propos de l’activité de Mme Vassula Rydén, grecque-orthodoxe, résidente en Suisse, qui diffuse dans les milieux catholiques du monde entier, par sa parole et ses écrits, des messages attribuables à de présumées révélations célestes.

Un examen attentif et serein de toute la question, effectué par cette Congrégation dans le but d’éprouver les esprits pour voir s’ils viennent de Dieu - (cf. 1 Jn 4. 1). a relevé - à côté d’aspects positifs - un ensemble d’éléments fondamentaux qui doivent être considérés comme négatifs à la lumière de la Doctrine catholique.

Outre le fait de mettre en relief le caractère suspect des modalités selon lesquelles ont lieu les présumées révélations, il faut souligner certaines erreurs doctrinales qui y sont contenues. On utilise, entre autres, un langage ambigu à propos des Personnes de la Très Sainte Trinité, allant même jusqu’à confondre les noms et les fonctions spécifiques des Personnes divines. Dans ces présumées révélations, est annoncée une période imminente de prédomination de l’Antéchrist au sein de l’Eglise. Dans une optique millénariste, est prophétisée une intervention définitive et glorieuse de Dieu, qui devrait bientôt instaurer sur terre, avant la venue définitive du Christ, une ère de paix et de bien-être universel. En outre, est également prévue la venue prochaine d’une Eglise qui serait une sorte de communauté pan-chrétienne en opposition avec la doctrine chrétienne.

Le fait que dans les écrits successifs de Mme Rydén, les erreurs susmentionnées n’apparaissent plus, est le signe que les présumés “messages célestes” sont uniquement le fruit de méditations privées. En outre, Mme Rydén, qui participe habituellement aux sacrements de l’Eglise catholique, bien qu’étant grecque-orthodoxe, suscite dans différents milieux de l’Eglise catholique un profond étonnement, car elle semble se placer au-dessus de toute juridiction ecclésiastique et de toute règle canonique et, de fait, crée un désordre œcuménique qui irrite nombre d’autorités, de ministres et de fidèles de sa propre Eglise, se plaçant en dehors de la discipline ecclésiastique de cette même Eglise.

Etant donné que, malgrè certains aspects positifs, l’effet de l’activité de Mme Vassula Rydén est négatif, cette Congrégation sollicite l’intervention des évêques afin qu’ils informent comme il se doit leurs fidèles, et que ne soit accordée aucune place, dans le cadre de leurs diocèses, à la diffusion de ses idées. Elle invite enfin tous les fidèles à ne pas considérer comme surnaturels les écrits et les interventions de Mme Vassula Rydén et à conserver la pureté de la foi que le Seigneur a confiée à l’Eglise.

De la Cité du Vatican, le 6 octobre 1995.

 

Comme nous le voyons, la double référence à "certains aspects positifs" n’enlève rien à "un ensemble d’éléments fondamentaux qui doivent être considérés comme négatifs", à la constatation que "l’effet de l’activité de Mme Vassula Rydén est négatif". Les aspects soulignés concernent essentiellement les modalités de transmission des messages, les erreurs doctrinales et les problèmes disciplinaires.

Immédiatement, les promoteurs de la “Vraie Vie en Dieu” contestèrent la validité de la Notification, surtout parce que publiée sans la signature du Préfet de la Congrégation. Quelqu’un a même voulu insinuer qu’elle avait été écrite à l’insu du card.Ratzinger ou sans sa permission et, pourquoi pas, par quelque membre de la “maçonnerie vaticane”. Comme éventuelle confirmation à de telles insinuations, on a cité les paroles adressées par le cardinal à un groupe de disciples de Vassula le 10 mai 1996: "Sur la base de ce que vous me communiquez dans votre lettre, à propos de témoignages et de conversions, cela est très bon. Nous demandons seulement de procéder avec discernement, de ne pas prendre pour parole de Dieu ce que, en ce moment, nous devons considérer comme quelque chose d’humain et de personnel. La notification que nous avons publiée a pour but premier d’éviter que Vassula se manifeste dans les édifices catholiques réservés au culte liturgique, parce qu’elle est orthodoxe et que sa situation matrimoniale n’est, pour nous, pas clarifiée, car elle est divorcée, ce que nous sommes en train d’examiner. Vous pouvez continuer à promouvoir ses écrits, mais toujours avec le discernement qui s’impose".

Toutefois, ces paroles n’enlèvent rien à la validité de la Notification, rendue manifeste par le ton impérieux du texte et sa publication sur L’Osservatore Romano, l’organe officiel et usuel de diffusion des documents ecclésiaux. Pour couper court aux discussions et interprétations, la Congrégation crut opportun d’émettre le 29 novembre 1996 le communiqué de presse qui suit:

 

I. De multiples questions, relatives à la valeur et à l’autorité de la Notification de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 6 octobre 1995 (parue sur l’Osservatore Romano du 23-24 octobre 1995, p.2) sont parvenues à cette Congrégation. La Notification faisait référence aux écrits et messages de Mme Vassula Rydén, attribués à de soi-disantes révélations et diffusés dans des milieux catholiques de par le monde.

La Congrégation entend préciser ce qui suit quant à ce sujet:

1. La Notification adressée aux pasteurs et fidèles de l’Eglise catholique conserve toute sa vigueur. Elle a été approuvée par les autorités compétentes et sera publiée, avec la signature du Préfet et du Secrétaire de la Congrégation, dans les Acta Apostolicae Sedis, l’organe officiel du Saint-Siège.

2. A propos des nouvelles diffusées par certains organes de presse quant à une interprétation restrictive de cette Notification faite par le Cardinal-préfet lors d’une conversation privée tenue à Guadalajara, Mexique, le 10 mai 1996, durant une rencontre accordée à un groupe de personnes, ledit Cardinal-préfet tient à préciser que:

a) comme affirmé, les fidèles ne doivent pas considérer les messages de Mme Vassula Rydén comme des révélations divines, mais seulement comme des méditations personnelles;

b) comme le précisait déjà la Notification, on trouve dans ces méditations, au côté d’aspects positifs, des éléments qui à la lumière de la Doctrine catholique sont négatifs;

c) ceci étant, les pasteurs et les fidèles sont invités à ce propos à un sérieux discernement spirituel et à conserver la pureté de la Foi, des moeurs et de la vie spirituelle sans s’appuyer sur de prétendues révélations. Ils sont invités à suivre la Parole de Dieu révélée ainsi que les directives du Magistère de l’Eglise.

II. Quant à la diffusion des textes de ces soi-disantes révélations privées, la Congrégation précise ce qui suit:

1. L’interprétation donnée par certaines personnes d’une Décision approuvée par Paul VI le 14 octobre 1966 (promulguée le 15 novembre suivant) n’est absolument pas valide. En vertu de cette Décision, écrits et messages provenant de révélations supposées pourraient librement être diffusés dans l’Eglise. La dite Décision, qui fait en réalité référence à "l’abolition de l’Index des livres prohibés”, établissait que, levées les censures afférentes, demeurait toutefois l’obligation morale de ne pas diffuser ou lire les écrits mettant en péril la Foi et les moeurs.

2. On rappelle cependant qu’à propos de la diffusion de textes relatifs à des soit-disantes révélations privées, la norme du Code en vigueur (Canon 823, par.1) demeure valide. Cette dernière donne le droit aux pasteurs ‘d’exiger que soit soumis à leur propre jugement dès avant publication les écrits des fidèles touchant à la foi ou aux moeurs’.

3. Les prétendues révélations surnaturelles comme les écrits s’y rapportant relèvent en première instance du jugement de l’évêque diocésain ou, dans des cas particuliers, de celui de la Conférence Episcopale et de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

 

Les conclusions à tirer de ce communiqué ne laissent aucune manœuvre de doute: la Notification est valide et, si besoin en était, souscrite par le Préfet. Les messages de Vassula Rydén continuent à être considérés "seulement comme des méditations personnelles" face auxquelles demeure l’obligation morale de ne pas les répandre.

En 1998, le cardinal Ratzinger déclarait dans une interview: "… la Notification est un avertissement, pas une condamnation. Du strict point de vue de la procédure, personne ne peut être condamné sans procès et sans avoir eu d’abord la possibilité d’expliquer ses idées. Ce que nous disons, c’est qu’il y a de nombreux points qui ne sont pas clairs. Il y a des éléments apocalyptiques discutables et des aspects ecclésiologiques qui ne sont pas clairs. Ses écrits contiennent beaucoup de bonnes choses, mais le blé et la paille [ou ivraie, "loglio" en italien] sont mêlés. C’est pourquoi nous avons invité les fidèles catholiques à les regarder avec prudence et à les mesurer selon le critère de la foi constante de l’Eglise". Malgré la présence de points obscurs et, encore plus, de “paille” dans ce soi-disant phénomène surnaturel, l’Eglise s’abstient donc de toute condamnation, Mme Rydén n’ayant pas été entendue directement par la Congrégation et échappant, en tant que grecque-orthodoxe, à sa juridiction.

Ayant elle-même sollicité un contact personnel avec la Congrégation, cette dernière, par l’entremise d’un de ses consulteurs, le P.Prospero Grech O.S.A., lui soumit cinq questions relatives aux réserves ou critiques de la Notification. Les réponses, habilement rédigées avec un langage théologique élaboré et étayé de citations du cardinal Ratzinger, remplissent plus de trente pages. L’initiative est rendue publique par une lettre de la Congrégation (10 juillet 2004), citée ici dans sa version intégrale:

 

Aux présidents des Conférences Episcopales de France, Suisse, Uruguay, Philippines, Canada.

Eminence/Excellence,

Comme vous le savez, cette Congrégation a publié en 1995 une Notification sur les écrits de Madame Vassula Rydén. Par la suite, sur requête de cette dernière, il y a eu un dialogue approfondi au terme duquel Vassula Rydén, dans une lettre du 4 avril 2002, publiée plus tard dans le dernier volume de “La Vraie Vie en Dieu”, a fourni d’utiles clarifications sur sa situation matrimoniale ainsi que certaines difficultés qui, dans la Notification citée plus haut, étaient formulées à l’égard de ses écrits et de sa participation aux sacrements.

Du moment que dans ce pays il y a une certaine diffusion des écrits pris en considération, ce Dicastère a cru utile de vous mettre au courant de tout cela. Il faudra en même temps rappeler aux fidèles qu’en ce qui concerne la participation aux groupes de prière de caractère oecuménique organisés par Madame Rydén, il faut s’en tenir aux dispositions des Evêques diocésains.

Joseph Card. Ratzinger

Préfet

 

Cette lettre ne dit rien de compromettant: elle fait mention de quelques éclaircissements concernant quelques difficultés, et se réfère explicitement à celles d’ordre disciplinaire, en particulier à la situation matrimoniale de la protagoniste, mariée en 1966 à l’Eglise orthodoxe, divorcée, remariée le 13 juin 1981 et, enfin, mise en règle par son Eglise le 31 octobre 1990, cinq ans après le début du phénomène. Ces éclaircissements sont qualifiés d’“utiles”, sans laisser toutefois entendre qu’ils soient suffisants pour dédouaner le phénomène. Et puis, même si la chose n’est pas dite en toute clarté, on semble concéder aux évêques diocésains une autonomie majeure dans la gestion d’éventuelles manifestations promues en faveur de la protagoniste.

Mais alors, pouvons-nous vraiment déduire avec les souteneurs que la situation se trouve désormais modifiée (expression attribuée au cardinal Ratzinger) au point d’inciter le Vatican à retirer la Notificatio de son site?

En ce qui concerne ce dernier détail, il faut préciser que le texte ne peut pas avoir été retiré du site pour la simple raison qu’il n’y a jamais comparu: le même sort échoit en partage à une soixantaine de documents de la Congrégation qui y sont catalogués, et presque tous rédigés avant la création du site, quand le format électronique des textes n’existait pas encore.

D’ailleurs deux faits récents font comprendre que la Notification reste plus que jamais le point de référence de la Congrégation.

Le premier remonte à janvier 2006, quand Mons. Kevin Kostelnik, pasteur de la cathédrale de Los Angeles, retira, avec l’appui de son archevêque le cardinal Roger M. Mahony, l’autorisation d’accueillir une conférence sur l’unité des chrétiens tenue sous les auspices de l’organisation de Vassula Rydén “True Life in God”. Mons. Kostelnik déclara que les affirmations des organisateurs selon lesquelles le Vatican avait désormais mis de côté ses réserves relatives aux écrits de Mme Rydén constituaient "une grave déformation du point de vue actuel du Vatican concernant les écrits de Mme Rydén" et que les avertissements de 1995 et de 1996 maintenaient "toute leur vigueur".

L’autre fait remonte au 25 janvier 2007 et comporte une valeur universelle pour l’Eglise catholique, s’agissant d’une lettre du Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi adressée à tous les présidents des conférences épiscopales et dont voici le contenu:

 

A tous les Présidents des Conférences Episcopales

Eminence / Excellence,

Des demandes d’éclaircissements sur les écrits et sur l’activité de Madame Vassula Rydén continuent à parvenir à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en particulier en ce qui concerne la valeur de la Notification du 6 octobre 1995 et sur les critères à suivre pour définir les dispositions des Eglises locales au sujet de l’opportunité de répandre les écrits de Madame Vassula Rydén.

A ce sujet, la Congrégation entend préciser ce qui suit :

1) La Notification de 1995 reste valable pour ce qui concerne le jugement doctrinal sur les écrits examinés.

2) A la suite du dialogue qui a eu lieu avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Madame Vassula Rydén a cependant fourni des éclaircissements sur certains points problématiques qui apparaissaient dans ses écrits et aussi sur la nature de ses messages, qui ne se présentent pas comme des révélations divines, mais plutôt comme des méditations personnelles (cf. Annexe 2 : Lettre du 4 avril 2002, publiée dans True Life in God, volume 10). Du point de vue normatif donc, après les éclaircissements ci-dessus mentionnées il convient d’effectuer une évaluation prudentielle, au cas par cas, en tenant compte des possibilités concrètes que peuvent avoir les fidèles de lire ces écrits dans le cadre de telles clarifications.

3) On se rappellera enfin qu’il ne semble pas opportun que des catholiques participent aux groupes de prière organisés par Madame Vassula Rydén. En ce qui concerne d’éventuelles rencontres œcuméniques, les fidèles s’en tiendront aux dispositions données par le Directoire œcuménique, par le Code de Droit canonique (can. 215 ; 223 §2, 383 §3) et par les Ordinaires diocésains.

En vous transmettant ces éléments, je vous prie de croire à mon cordial dévouement dans le Seigneur.

                     Cardinal William LEVADA

                                    Préfet

 

On touche ici du doigt qu’après plus de dix ans de tiraillements et de pourparlers, rien d’essentiel n’a changé dans la position de la Congrégation: celle-ci ne reconnaît toujours pas de valeur surnaturelle aux messages de Vassula Rydén, et tout en laissant une plus grande latitude à chaque diocèse, elle déconseille la participation des catholiques à ses groupes de prière et insiste sur la valeur universelle des dispositions du droit canon concernant les rencontres œcuméniques.

En d’autres termes, les susdits éclaircissements n’étaient pas en mesure d’écarter les réserves face à "l’ensemble d’éléments fondamentaux qui doivent être considérés comme négatifs à la lumière de la Doctrine catholique" (Notification de 1995); et encore moins pouvaient-ils porter à reconnaître le phénomène, malgrè toute la bonne volonté du Préfet précédent.

Cela signifie aussi que, sur les déclarations non officielles de ce dernier, adressées à des journalistes ou à peu de personnes et soumises à des interprétations hâtives, ont prévalu les déclarations officielles de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dûment souscrites par son Préfet, précédent ou actuel.

Et si la Congrégation continue à s’abstenir de toute condamnation explicite, c’est pour le motif mentionné plus haut: la protagoniste, grecque-orthodoxe, ne rentre pas sous la juridiction de l’Eglise. Mais il est vraisemblable qu’on veuille aussi éviter d’exaspérer ou de scandaliser les catholiques encore impliqués et ignares des raisons effectives de la non-reconnaissance.

Dans une lettre d’août 2007, madame Rydén s’insurge contre la prise de position du cardinal Levada, qui ne tiendrait en aucun compte le bilan apparemment positif du susdit dialogue. En outre, elle nie fermement avoir avoué que ses messages "ne se présentent pas comme des révélations divines, mais plutôt comme des méditations personnelles"; en fait, malgré quelqu’ambiguïté dans la tournure de la phrase, il n’en faut pas moins reconnaître qu’elle reprend telles quelles les affirmations de la Notification de 1995 et le communiqué de presse de 1996.

Et le fait que, comme l’a écrit le P.Prospero Grech à la protagoniste, "vos plus récents ouvrages semblent également avoir mis de côté certaines expressions ambiguës contenues dans vos premiers ouvrages" (21 mars 2003), ne veut absolument rien dire puisque la Notification, après l’avoir elle-même souligné, en tirait les conséquences qui s’imposent: "Le fait que dans les écrits successifs de Mme Rydén, les erreurs susmentionnées n’apparaissent plus, est le signe que les présumés 'messages célestes' sont uniquement le fruit de méditations privées" (alors que la protagoniste les considère, évidemment, comme des révélations).


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